En finir avec Eddy Bellegueule - de Edouard Louis

6,5/10 ★ Voici la quatrième de couverture :

"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire : "Qu'est-ce qui fait le débile là ?" Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici."
En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.


J'ai beaucoup attendu de ce livre qui m'avait été présenté par France Inter. J'avais également lu un article dans un magazine de gauche que je n'apprécie que pour ses commentaires littéraires. Il est tellement révoltant, imbécile et ridicule de s'en prendre à un homosexuel pour ce qu'il est qu'il m'importait d'en savoir davantage sur ce très jeune homme qui par chance inouïe, vu le milieu dans lequel il a choisi de naître, a pu s'en sortir grâce à une intelligence et un recul assez impressionnant.
C'est en lisant de plus en plus d'œuvres d'histoires vécues que nous pourrons jouer le rôle de guide, nous les lecteurs avides de toutes sortes d'aventures, auprès des incultes qui se mêlent de ce qui ne les regardent pas d'une part pour donner une opinion forcément erronée, et d'autre part pour craindre, par manque de connaissance, les minorités qui pourraient les ... importuner ? Je ne vois pas vraiment comment !
Cette histoire est racontée par un jeune homme de 21 ans qui n'a pas de dons littéraires, je n'irai pas jusque là, mais de sacrés bons arguments pour nous présenter les horreurs qu'il a subies sans tomber dans le pathos. Au début, on est surpris par le langage parlé qui n'est pas français mais on comprend assez vite qu'il retranscrit ce qu'il a entendu dans le Nord, comme il dit. Ses parents et les gens qui l'entouraient parlaient sans formes grammaticales. Il a du mérite d'avoir pu retranscrire un roman aussi touchant. Je lui souhaite beaucoup de courage pour se reconstruire. Il est sur la bonne voie.


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